1. Nature

Loups du Mercantour

Depuis novembre 1992...
Une synthèse complète : https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/
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  • Bienvenue au loup !

    Bienvenue au loup !

    Terre sauvage n° 73, mai 1993. Révélation du retour du loup en France (Mercantour), par Antoine Peillon et Geneviève Carbone. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

    Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

    Vacherie du Collet, parc national du Mercantour, le 24 octobre 2012. Vingt ans après ! https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ Le thermomètre monte tout juste au-dessus du zéro, malgré le soleil qui enflamme déjà les sommets du Mercantour tout autour de la vacherie du Collet, sous le col de Salèse, dans le haut du vallon de Mollières. Patrick Orméa avance à grandes enjambées, les jumelles bien serrées dans sa main droite. En cette aube de fin octobre, la montagne offre une explosion de couleurs : les bleus – de l'ardoise à l'azur – qui s'étagent du lit du torrent au zénith du ciel ; les verts et les bruns des alpages d'automne ; les ocres flamboyants des mélèzes… Ses yeux scrutent intensément les cimes et ses pas le mènent, au mètre carré près, sur cette "place" d'observation qu'il occupait il y a vingt ans, le matin du mercredi 4 novembre 1992. Regard accroché sur la crête de Colombrons (2 600 mètres d'altitude environ), le garde-moniteur du parc national du Mercantour évoque ce grand moment de sa vie : la vision d'un couple de loups se promenant au soleil levant, testant la vigilance d'une harde de mouflons, s'asseyant pour contempler le vallon de Mollières ouvert devant eux. "J'étais posté ici, pour réaliser un comptage de chamois et de mouflons. J'inspectais la lisière de la forêt, juste sous les pointes de Giegn et de Colombrons. Le temps était magnifique, mais il y avait déjà de la neige." Patrick Orméa évoque l'apparition, comme si elle se déroulait à nouveau devant lui : "Il était 7 h 30 du matin. Je regardais les chamois et les mouflons aux jumelles. Soudain, sur la crête, j'ai vu un chien assis à côté de petits mélèzes. Juste au même moment, une harde de mouflons s'est éparpillée et un deuxième canidé est arrivé. J'ai sorti la longue-vue avec un grossissement de 25 fois et j'ai commencé à détailler ces deux visiteurs. J'ai vu le deuxième de profil, la queue bien pendante, très gris, haut sur pattes, svelte, la tête sous le niveau des épaules… Ces détails m'ont fait penser que c'étaient des loups." Vingt ans après, le garde-moniteur rit d'avoir vécu un tel instant, même s'il n'a pas pu, sur le coup, partager son observation – et son émotion –, devoir de réserve oblige. Il est aussi heureux de pouvoir tirer un bilan positif, "malgré quelques complications", du retour du loup en France et dans le Mercantour. Officiellement disparue dans les années 1930, l'espèce Canis lupus est désormais présente dans toutes les Alpes, le Massif central et les Pyrénées-Orientales, à raison d'environ 200 individus répartis en une vingtaine de meutes. "C'est une réussite ! s'exclame Patrick Orméa, car l'État, que nous représentons, n'a jamais failli dans sa double mission de protection de la nature et de soutien à l'élevage en montagne." Les chiffres lui donnent d'ailleurs raison. Les chamois étaient 6 000 en 1992, dans les limites du parc national ; ils sont près de 10 000 aujourd'hui. Les cerfs étaient rares ; on en compte près de 2 500 maintenant. Satisfaction essentielle : "Il y a autant d'éleveurs et de moutons en montagne qu'il y a vingt ans", constate l'agent du Mercantour. Quant aux loups, depuis le premier couple observé sur la crête du Colombrons, à l'aube du 4 novembre 1992, ils ont aussi prospéré. Aux dernières nouvelles, une nouvelle meute vient de s'installer, cette année, en haute vallée du Var, portant leur nombre à une quarantaine d'animaux répartis sur tout le massif (environ 2 150 km2). Enveloppant le vallon de Mollières d'un vaste geste de sa main ouverte vers le ciel, Patrick Orméa ose une question qui lui tient à cœur : "En 2012, n'est-il pas temps de faire la paix avec la nature ?" Le 4 mars 1993, il raconte enfin son observation. Il n'était pas évident de faire connaître le retour du loup en France, du fait de l'opposition attendue de très nombreux acteurs. La première synthèse officielle de l'observation de Patrick Orméa ne fut réalisée que quatre mois plus tard, lors d'une discrète réunion organisée par la direction du parc national du Mercantour. Étaient présents, entre autres : Pierre Pfeffer, président du conseil scientifique, trois gardes-moniteurs et deux journalistes - Antoine Peillon et Geneviève Carbone - du magazine "Terre sauvage", qui publia l'information en exclusivité, en mai 1993. "Le soir même, je suis allé dormir chez Auguste(un autre garde-moniteur), à Saint-Martin-Vésubie, raconte Patrick Orméa. Il m'a dit : “Moi, j'ai entendu un animal qui feulait à la Madone de Fenestre.” Il pensait à un lynx. Tout d'un coup, il y avait du lynx, du loup… Je n'ai pas dormi de la nuit." Antoine Peillon https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

    Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

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  • Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

    Patrick Orméa, premier observateur du retour du loup en France

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  • Gérard Millischer, pisteur des loups du Mercantour

    Gérard Millischer, pisteur des loups du Mercantour

    Dans le Mercantour, sur les pas du loup Antoine Peillon (au parc national du Mercantour), le 24 octobre 2012. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ « On le suit à la trace… » L’expression est rarement si juste que s’agissant du loup, depuis qu’il a pointé son museau sur un sommet du Mercantour, un beau matin de novembre 1992. À peine la nouvelle de son retour en France avait-elle été rendue publique, en avril 1993, que le ministère de l’environnement chargeait Geneviève Carbone d’une mission d’observation de la première meute installée autour du vallon de Mollières. La jeune universitaire, spécialiste de l’espèce, fit rapidement une cartographie des allées et venues très réguliers de ces grands animaux. Mieux, à force de patience, elle découvrit un jour la tanière où étaient sans doute nés les premiers louveteaux de France. Depuis, le protocole de suivi du loup, de ses déplacements, de ses mœurs, de sa reproduction et, bien entendu, de son régime alimentaire, s’est progressivement perfectionné. Aujourd’hui, la « stratégie de récolte et d’analyse des indices de présence du loup » fait l’objet d’une double page très pratique, rédigée par l’ingénieur Christophe Duchamp, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Dans son bureau de la Maison du parc national, à Saint-Martin-Vésubie, Gérard Millischer, « protocole Duchamp » en main, explique comment il participe depuis dix-huit ans à ce suivi scientifique. Isolement du reste du monde Ce naturaliste de terrain a vécu une aventure peu commune. Dès janvier 1994, il s’est installé chaque hiver, pendant cinq ans, dans deux pièces d’une maison délabrée du hameau de Mollières, un écart d’altitude à moitié ruiné, complètement isolé du restant du monde pendant au moins les cinq à six mois – de décembre à avril – où les pistes forestières qui y conduisent sont recouvertes de neige. Restant seul parfois pendant quatre semaines d’affilée, ravitaillé épisodiquement par des collègues qui venaient en skis de randonnée ou en raquettes, Gérard Millischer est devenu rapidement un ermite naturaliste, entièrement tourné vers l’observation quotidienne des premiers loups de France, de nuit comme de jour, grâce à des jumelles de vision nocturne à infrarouges. Écoutant l’avis éclairé de son collègue et ami Patrick Orméa, qui lui conseilla de sortir le moins possible du hameau, « l’espion des loups » – ainsi fut-il rapidement désigné par les rares randonneurs qui le croisaient – récolta, au fil de ses semaines de solitude, des dizaines d’observations, chacune faisait l’objet d’un « rapport », mais aussi les premières photos de loups sauvages en France, et même des vidéos nocturnes saisissantes, où l’on assiste à de nombreuses tentatives de prédation sur les hardes de cerfs, de chamois, de mouflons et même à une course-poursuite presque comique avec un lièvre… La première capture d’un loup Gérard Millischer se souvient particulièrement de sa première observation : « C’était en mars 1994. Deux loups sont restés à 80 m de moi, sans me voir. » Ensuite, il y eut cette première photo d’un grand loup solitaire, prise à la va-vite en avril 1995, et cette autre, de mars 1996, où l’on aperçoit cinq loups qui se suivent dans la neige, au soleil. Bien entendu, ces souvenirs relèvent plus de l’émotion que de la science, mais l’agent du parc national aime aussi montrer les comptes-rendus et d’autres images du suivi technique du loup. Sur l’écran de son ordinateur, il est alors possible d’assister à la première capture d’un loup – une louve en l’occurrence – par piégeage inoffensif au sol, le 13 juillet 2009, à 1 h 15 du matin, en haute Tinée. Gérard Millischer en fut l’opérateur, avec Gérard Caratti, un autre technicien du parc national. Après l’anesthésie réalisée grâce à une canne seringue, les deux hommes ont estimé qu’ils avaient affaire à une femelle de 6 ans environ, lui ont posé rapidement un collier radio émetteur (VHF) et ont fini leur action par quelques prélèvements sanguins. Une fois toutes ces manipulations délicates terminées, l’animal s’est réveillé et a repris le chemin de la montagne où un autre loup l’attendait manifestement, hurlant à proximité du lieu de la capture durant toute l’opération. Pas de données sur la prédation du loup Dès lors, trois autres louves ayant été équipées de colliers, un important programme de recherche dit « programme prédateur-proies » (PPP) a permis de récolter des informations considérables sur les rythmes biologiques des meutes (reproduction, notamment), leur utilisation de l’espace (déplacements, tanières) et, surtout, sur l’impact de leur prédation sur les ongulés sauvages, mouflons et chamois principalement. Selon Gérard Millischer, les premiers résultats de ce suivi systématique piloté par l’ONCFS semblent démontrer que les populations de proies ne sont pas diminuées par les attaques de la cinquantaine de loups aujourd’hui présents sur tout le massif du Mercantour. Mais, à sa grande déception, le PPP a été officiellement arrêté l’été dernier. À Nice, Alain Brandeis, directeur du parc national, espère que cette recherche exceptionnelle reprendra prochainement, ou du moins que ses premiers résultats seront rapidement publiés. « C’est dommage, regrette-t-il, c ar nous n’avons toujours pas assez de données sur la prédation pour éclairer un débat bien légitime. » Peut-être son appel sera-t-il entendu par les ministres de l’écologie et de l’agriculture, sa tutelle, lorsque le parc national, doté bientôt d’une nouvelle charte (en cours d’examen par le Conseil d’État), bénéficiera d’une adhésion plus ferme des communes qu’il couvre aujourd’hui. _________________________________________ Mille cinq cents « suiveurs » de loups en France Le Réseau grands carnivores loup-lynx a été mis en place en 2000 et est actuellement piloté par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et par les Directions départementales des territoires (DDT). Il regroupe environ 1 500 correspondants formés par l’ONCFS. Ceux-ci effectuent les suivis de la population par relevés d’indices après les premières chutes de neige, qui sont analysés pour établir les zones de présence permanentes (ZPP) ou temporaires de l’espèce. Cette méthode permet de dénombrer les loups, notamment par leur identification génétique grâce aux traces biologiques (fèces, urine, sang, poils). Un autre type de suivi est réalisé en été : le hurlement provoqué. En imitant le hurlement d’un loup, les agents suscitent une réponse en réaction de défense du territoire chez une meute installée. Aujourd’hui, la France comprend 29 ZPP réparties sur une dizaine de départements. Le nombre de loups est estimé à 250 environ (bilan 2011-2012). https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Gérard Millischer, pisteur des loups du Mercantour

    Gérard Millischer, pisteur des loups du Mercantour

    Dans le Mercantour, sur les pas du loup Antoine Peillon (au parc national du Mercantour), le 25 octobre 2012. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ « On le suit à la trace… » L’expression est rarement si juste que s’agissant du loup, depuis qu’il a pointé son museau sur un sommet du Mercantour, un beau matin de novembre 1992. À peine la nouvelle de son retour en France avait-elle été rendue publique, en avril 1993, que le ministère de l’environnement chargeait Geneviève Carbone d’une mission d’observation de la première meute installée autour du vallon de Mollières. La jeune universitaire, spécialiste de l’espèce, fit rapidement une cartographie des allées et venues très réguliers de ces grands animaux. Mieux, à force de patience, elle découvrit un jour la tanière où étaient sans doute nés les premiers louveteaux de France. Depuis, le protocole de suivi du loup, de ses déplacements, de ses mœurs, de sa reproduction et, bien entendu, de son régime alimentaire, s’est progressivement perfectionné. Aujourd’hui, la « stratégie de récolte et d’analyse des indices de présence du loup » fait l’objet d’une double page très pratique, rédigée par l’ingénieur Christophe Duchamp, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Dans son bureau de la Maison du parc national, à Saint-Martin-Vésubie, Gérard Millischer, « protocole Duchamp » en main, explique comment il participe depuis dix-huit ans à ce suivi scientifique. Isolement du reste du monde Ce naturaliste de terrain a vécu une aventure peu commune. Dès janvier 1994, il s’est installé chaque hiver, pendant cinq ans, dans deux pièces d’une maison délabrée du hameau de Mollières, un écart d’altitude à moitié ruiné, complètement isolé du restant du monde pendant au moins les cinq à six mois – de décembre à avril – où les pistes forestières qui y conduisent sont recouvertes de neige. Restant seul parfois pendant quatre semaines d’affilée, ravitaillé épisodiquement par des collègues qui venaient en skis de randonnée ou en raquettes, Gérard Millischer est devenu rapidement un ermite naturaliste, entièrement tourné vers l’observation quotidienne des premiers loups de France, de nuit comme de jour, grâce à des jumelles de vision nocturne à infrarouges. Écoutant l’avis éclairé de son collègue et ami Patrick Orméa, qui lui conseilla de sortir le moins possible du hameau, « l’espion des loups » – ainsi fut-il rapidement désigné par les rares randonneurs qui le croisaient – récolta, au fil de ses semaines de solitude, des dizaines d’observations, chacune faisait l’objet d’un « rapport », mais aussi les premières photos de loups sauvages en France, et même des vidéos nocturnes saisissantes, où l’on assiste à de nombreuses tentatives de prédation sur les hardes de cerfs, de chamois, de mouflons et même à une course-poursuite presque comique avec un lièvre… La première capture d’un loup Gérard Millischer se souvient particulièrement de sa première observation : « C’était en mars 1994. Deux loups sont restés à 80 m de moi, sans me voir. » Ensuite, il y eut cette première photo d’un grand loup solitaire, prise à la va-vite en avril 1995, et cette autre, de mars 1996, où l’on aperçoit cinq loups qui se suivent dans la neige, au soleil. Bien entendu, ces souvenirs relèvent plus de l’émotion que de la science, mais l’agent du parc national aime aussi montrer les comptes-rendus et d’autres images du suivi technique du loup. Sur l’écran de son ordinateur, il est alors possible d’assister à la première capture d’un loup – une louve en l’occurrence – par piégeage inoffensif au sol, le 13 juillet 2009, à 1 h 15 du matin, en haute Tinée. Gérard Millischer en fut l’opérateur, avec Gérard Caratti, un autre technicien du parc national. Après l’anesthésie réalisée grâce à une canne seringue, les deux hommes ont estimé qu’ils avaient affaire à une femelle de 6 ans environ, lui ont posé rapidement un collier radio émetteur (VHF) et ont fini leur action par quelques prélèvements sanguins. Une fois toutes ces manipulations délicates terminées, l’animal s’est réveillé et a repris le chemin de la montagne où un autre loup l’attendait manifestement, hurlant à proximité du lieu de la capture durant toute l’opération. Pas de données sur la prédation du loup Dès lors, trois autres louves ayant été équipées de colliers, un important programme de recherche dit « programme prédateur-proies » (PPP) a permis de récolter des informations considérables sur les rythmes biologiques des meutes (reproduction, notamment), leur utilisation de l’espace (déplacements, tanières) et, surtout, sur l’impact de leur prédation sur les ongulés sauvages, mouflons et chamois principalement. Selon Gérard Millischer, les premiers résultats de ce suivi systématique piloté par l’ONCFS semblent démontrer que les populations de proies ne sont pas diminuées par les attaques de la cinquantaine de loups aujourd’hui présents sur tout le massif du Mercantour. Mais, à sa grande déception, le PPP a été officiellement arrêté l’été dernier. À Nice, Alain Brandeis, directeur du parc national, espère que cette recherche exceptionnelle reprendra prochainement, ou du moins que ses premiers résultats seront rapidement publiés. « C’est dommage, regrette-t-il, c ar nous n’avons toujours pas assez de données sur la prédation pour éclairer un débat bien légitime. » Peut-être son appel sera-t-il entendu par les ministres de l’écologie et de l’agriculture, sa tutelle, lorsque le parc national, doté bientôt d’une nouvelle charte (en cours d’examen par le Conseil d’État), bénéficiera d’une adhésion plus ferme des communes qu’il couvre aujourd’hui. _________________________________________ Mille cinq cents « suiveurs » de loups en France Le Réseau grands carnivores loup-lynx a été mis en place en 2000 et est actuellement piloté par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et par les Directions départementales des territoires (DDT). Il regroupe environ 1 500 correspondants formés par l’ONCFS. Ceux-ci effectuent les suivis de la population par relevés d’indices après les premières chutes de neige, qui sont analysés pour établir les zones de présence permanentes (ZPP) ou temporaires de l’espèce. Cette méthode permet de dénombrer les loups, notamment par leur identification génétique grâce aux traces biologiques (fèces, urine, sang, poils). Un autre type de suivi est réalisé en été : le hurlement provoqué. En imitant le hurlement d’un loup, les agents suscitent une réponse en réaction de défense du territoire chez une meute installée. Aujourd’hui, la France comprend 29 ZPP réparties sur une dizaine de départements. Le nombre de loups est estimé à 250 environ (bilan 2011-2012). https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • 20 ans après, dans le vallon et le hameau de Mollières

    20 ans après, dans le vallon et le hameau de Mollières

    Hameau de Mollières, le 31 octobre 2012. Avec Patrick Orméa et Gérard Millischer. Patrick Orméa : https://ishta.smugmug.com/Loups-du-Mercantour/i-SxvWHbV/A Gérard Millischer : https://ishta.smugmug.com/Loups-du-Mercantour/i-CHgdp8t/A https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Jean-Paul Mandine, entre le loup et l'agneau

    Jean-Paul Mandine, entre le loup et l'agneau

    Mercantour, le 31/10/2012 En Val d’Entraunes, les brebis sont mieux gardées, par Antoine Peillon. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ Jean-Paul Mandine est fils d’éleveur de moutons et petit-fils de berger. Il est né en janvier 1957 à Entraunes (Alpes-Maritimes), dans le hameau d’Estenc précisément, dernier groupe de chalets avant le col de la Cayolle, les sources du Var, les impressionnantes aiguilles de Pelens et les sommets de Roche-Grande qui culminent jusqu’à près de 3 000 m d’altitude. Cet enfant du pays est aujourd’hui garde-moniteur du parc national du Mercantour. Et dans l’équipe des agents du secteur Haut-Var, animée par Mathilde Panneton, il est celui qui se consacre le plus intensivement au soutien des bergers. Cet après-midi d’un jour lumineux d’automne, Jean-Paul Mandine fait sa tournée sur l’alpage de Sanguinière, situé dans une forêt domaniale de mélèzes et d’érables aux couleurs de feu, à 2 050 m d’altitude. C’est là qu’a estivé, de la fin juin à la fin septembre, un troupeau de brebis monté de la plaine de la Crau (Bouches-du-Rhône). Des mesures agro-environnementales Le garde-moniteur explique avec enthousiasme comment il met en œuvre, avec le berger de l’alpage, des mesures agro-environnementales (MAE) qui font l’objet d’un plan de gestion établi pour cinq ans : « L’objectif de cette sorte de contrat est de concilier un pastoralisme durable, rentable, et la biodiversité, c’est-à-dire la protection de la flore et de la faune sauvages. » En échange d’aides européennes gérées par le parc national, le groupement pastoral du Val d’Entraunes (deux bergers et trois éleveurs bovins, pour environ 2 200 ovins et 80 vaches laitières) a décidé, en 2006, de s’engager dans une gestion collective – et écologique – des alpages de Sanguinière et du col des Champs (2 116 ha au total). Depuis, Jean-Paul Mandine a constaté une amélioration encourageante de la qualité des milieux fragiles et parfois très abîmés par le surpâturage ou par le piétinement des troupeaux. L’enjeu était d’importance, le haut vallon du Var étant une des perles naturelles du Mercantour offrant une diversité d’« habitats » exceptionnelle : ruisseaux, mares, éboulis rocheux, pelouses en gradins, landes à genévriers nains, bois d’épicéas… Les clairières où se reproduit le tétras-lyre ne sont pâturées qu’en août « Les objectifs que nous nous sommes fixés avec les éleveurs, depuis le début des années 2000, ont été bien respectés », constate l’agent du parc national. Les crêtes qui étaient érodées et surpâturées ont été soustraites aux parcours des troupeaux, les clairières où se reproduit le tétras-lyre ne sont pâturées qu’en août, les pelouses riches en nard produisent des agneaux plus charnus. Depuis le printemps dernier, la haute vallée du Var doit aussi vivre avec sa première meute de loups, forte sans doute de cinq individus. En quelques mois, une cinquantaine de constats de dommages sur les troupeaux ont été effectués, alors qu’ils étaient épisodiques lors des années précédentes. Un troupeau a même subi plus d’une vingtaine d’attaques, tandis que ceux de Sanguinière n’en ont pas connu cette année. Il faut dire que le secteur est riche en proies sauvages : sangliers, cerfs en quantité, chamois, bouquetins… Certes, une nuit de l’été 2011, trois brebis ont disparu. Leur berger – Sylvain – a reconnu qu’il n’avait pas parqué ses bêtes pour la nuit. Jean-Paul Mandine s’entend d’ailleurs très bien avec « ce jeune qui est très sensibilisé à la protection de l’environnement ». Une nouvelle génération de berger Le garde-moniteur aime discuter avec la nouvelle génération de bergers. « Ils ont compris que la rotation des bêtes sur les pâturages désignés par le plan de gestion pastoral permet d’engraisser bien plus rapidement les agneaux », affirme-t-il. À la descente de Sanguinière, Jean-Paul Mandine croise Laure, une bergère qui terminera son estive le lendemain. La jeune femme semble épuisée, et une ombre de tristesse voile ses yeux clairs. En trois semaines, elle a été victime de six attaques du loup. « Je l’ai vu deux fois », raconte-t-elle : « Il est super-rapide. Il passe sous l’alpage, en fin de journée, dans le brouillard. Il vient de me prendre une brebis pleine et ça énerve ! » Le garde l’encourage comme il peut. Il confie son admiration pour ces femmes et ces hommes qui aiment vraiment leurs moutons. « Mes filles » Il raconte comment l’un d’entre eux, Christian Toche, parle de ses brebis en disant « mes filles ». Celui-ci est un « local ». Il vit à Barrels, un hameau de Guillaumes, au cœur du parc national. Jean-Paul Mandine cite volontiers son exemple : « Cet hiver et ce printemps, il y avait une forte présence du loup autour de chez lui, mais ce sont les faons et les biches qui en ont fait les frais. Il garde ses moutons en journée et les parque chaque nuit. Tous les soirs, il allume quatre ou cinq lampes à pétrole autour de l’enclos. En vingt ans de présence du loup dans le Mercantour, Christian n’a jamais eu un seul dégât. » Peu de dommages sur les troupeaux en Vésubie Autre explication, avance-t-il : Christian Toche « ne compte que 850 têtes environ, comme cela se pratique d’ailleurs en Italie, alors que la moyenne des autres avoisine les 2 000 brebis, un nombre qui empêche même le meilleur des bergers de protéger efficacement toutes ses bêtes ». En Vésubie, le garde-moniteur Patrick Orméa, qui suit cinq alpages en MAE, constate que certains bergers ne connaissent pratiquement aucun dommage sur leurs troupeaux, surtout quand ils sont d’une taille raisonnable : « Ces éleveurs savent qu’ils ont tout à gagner de travailler dans un environnement construit avec nous selon un plan de pâturage. Mes relations avec eux sont amicales. Il arrive même que certains d’entre eux me confient : “Je ne le dis qu’à toi, mais j’ai vu le loup. Qu’est-ce que c’est beau cet animal !” » ___________________ Les procédures d’indemnisation L’État indemnise systématiquement les dégâts des grands prédateurs. Après chaque attaque, un constat est établi. Font l’objet d’indemnisation toutes les victimes de prédation où la responsabilité du loup n’est pas exclue. Les indemnisations « loup » couvrent les pertes directes et prennent en charge la valeur de remplacement des animaux. Mais les attaques de loup peuvent provoquer aussi un stress important du troupeau, susceptible de générer des avortements, un arrêt de la lactation, une moins bonne prise de poids des animaux, voire la dispersion du troupeau (risques de dérochement, par exemple). L’indemnisation inclut donc un forfait de compensation des pertes indirectes et la prise en charge des animaux disparus. En 2011, le montant des indemnisations s’est élevé au total à 1 548 052 € au total, dont 495 227 € pour les seules Alpes-Maritimes. Au 31 décembre 2011, ce sont ainsi 4 920 brebis « victimes » (1 415 attaques) qui ont fait l’objet d’indemnisation en France (14 départements concernés), dont 1 398 dans les seules Alpes-Maritimes. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Jean-Paul Mandine, entre le loup et l'agneau

    Jean-Paul Mandine, entre le loup et l'agneau

    Mercantour, le 31/10/2012 En Val d’Entraunes, les brebis sont mieux gardées, par Antoine Peillon. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ Jean-Paul Mandine est fils d’éleveur de moutons et petit-fils de berger. Il est né en janvier 1957 à Entraunes (Alpes-Maritimes), dans le hameau d’Estenc précisément, dernier groupe de chalets avant le col de la Cayolle, les sources du Var, les impressionnantes aiguilles de Pelens et les sommets de Roche-Grande qui culminent jusqu’à près de 3 000 m d’altitude. Cet enfant du pays est aujourd’hui garde-moniteur du parc national du Mercantour. Et dans l’équipe des agents du secteur Haut-Var, animée par Mathilde Panneton, il est celui qui se consacre le plus intensivement au soutien des bergers. Cet après-midi d’un jour lumineux d’automne, Jean-Paul Mandine fait sa tournée sur l’alpage de Sanguinière, situé dans une forêt domaniale de mélèzes et d’érables aux couleurs de feu, à 2 050 m d’altitude. C’est là qu’a estivé, de la fin juin à la fin septembre, un troupeau de brebis monté de la plaine de la Crau (Bouches-du-Rhône). Des mesures agro-environnementales Le garde-moniteur explique avec enthousiasme comment il met en œuvre, avec le berger de l’alpage, des mesures agro-environnementales (MAE) qui font l’objet d’un plan de gestion établi pour cinq ans : « L’objectif de cette sorte de contrat est de concilier un pastoralisme durable, rentable, et la biodiversité, c’est-à-dire la protection de la flore et de la faune sauvages. » En échange d’aides européennes gérées par le parc national, le groupement pastoral du Val d’Entraunes (deux bergers et trois éleveurs bovins, pour environ 2 200 ovins et 80 vaches laitières) a décidé, en 2006, de s’engager dans une gestion collective – et écologique – des alpages de Sanguinière et du col des Champs (2 116 ha au total). Depuis, Jean-Paul Mandine a constaté une amélioration encourageante de la qualité des milieux fragiles et parfois très abîmés par le surpâturage ou par le piétinement des troupeaux. L’enjeu était d’importance, le haut vallon du Var étant une des perles naturelles du Mercantour offrant une diversité d’« habitats » exceptionnelle : ruisseaux, mares, éboulis rocheux, pelouses en gradins, landes à genévriers nains, bois d’épicéas… Les clairières où se reproduit le tétras-lyre ne sont pâturées qu’en août « Les objectifs que nous nous sommes fixés avec les éleveurs, depuis le début des années 2000, ont été bien respectés », constate l’agent du parc national. Les crêtes qui étaient érodées et surpâturées ont été soustraites aux parcours des troupeaux, les clairières où se reproduit le tétras-lyre ne sont pâturées qu’en août, les pelouses riches en nard produisent des agneaux plus charnus. Depuis le printemps dernier, la haute vallée du Var doit aussi vivre avec sa première meute de loups, forte sans doute de cinq individus. En quelques mois, une cinquantaine de constats de dommages sur les troupeaux ont été effectués, alors qu’ils étaient épisodiques lors des années précédentes. Un troupeau a même subi plus d’une vingtaine d’attaques, tandis que ceux de Sanguinière n’en ont pas connu cette année. Il faut dire que le secteur est riche en proies sauvages : sangliers, cerfs en quantité, chamois, bouquetins… Certes, une nuit de l’été 2011, trois brebis ont disparu. Leur berger – Sylvain – a reconnu qu’il n’avait pas parqué ses bêtes pour la nuit. Jean-Paul Mandine s’entend d’ailleurs très bien avec « ce jeune qui est très sensibilisé à la protection de l’environnement ». Une nouvelle génération de berger Le garde-moniteur aime discuter avec la nouvelle génération de bergers. « Ils ont compris que la rotation des bêtes sur les pâturages désignés par le plan de gestion pastoral permet d’engraisser bien plus rapidement les agneaux », affirme-t-il. À la descente de Sanguinière, Jean-Paul Mandine croise Laure, une bergère qui terminera son estive le lendemain. La jeune femme semble épuisée, et une ombre de tristesse voile ses yeux clairs. En trois semaines, elle a été victime de six attaques du loup. « Je l’ai vu deux fois », raconte-t-elle : « Il est super-rapide. Il passe sous l’alpage, en fin de journée, dans le brouillard. Il vient de me prendre une brebis pleine et ça énerve ! » Le garde l’encourage comme il peut. Il confie son admiration pour ces femmes et ces hommes qui aiment vraiment leurs moutons. « Mes filles » Il raconte comment l’un d’entre eux, Christian Toche, parle de ses brebis en disant « mes filles ». Celui-ci est un « local ». Il vit à Barrels, un hameau de Guillaumes, au cœur du parc national. Jean-Paul Mandine cite volontiers son exemple : « Cet hiver et ce printemps, il y avait une forte présence du loup autour de chez lui, mais ce sont les faons et les biches qui en ont fait les frais. Il garde ses moutons en journée et les parque chaque nuit. Tous les soirs, il allume quatre ou cinq lampes à pétrole autour de l’enclos. En vingt ans de présence du loup dans le Mercantour, Christian n’a jamais eu un seul dégât. » Peu de dommages sur les troupeaux en Vésubie Autre explication, avance-t-il : Christian Toche « ne compte que 850 têtes environ, comme cela se pratique d’ailleurs en Italie, alors que la moyenne des autres avoisine les 2 000 brebis, un nombre qui empêche même le meilleur des bergers de protéger efficacement toutes ses bêtes ». En Vésubie, le garde-moniteur Patrick Orméa, qui suit cinq alpages en MAE, constate que certains bergers ne connaissent pratiquement aucun dommage sur leurs troupeaux, surtout quand ils sont d’une taille raisonnable : « Ces éleveurs savent qu’ils ont tout à gagner de travailler dans un environnement construit avec nous selon un plan de pâturage. Mes relations avec eux sont amicales. Il arrive même que certains d’entre eux me confient : “Je ne le dis qu’à toi, mais j’ai vu le loup. Qu’est-ce que c’est beau cet animal !” » ___________________ Les procédures d’indemnisation L’État indemnise systématiquement les dégâts des grands prédateurs. Après chaque attaque, un constat est établi. Font l’objet d’indemnisation toutes les victimes de prédation où la responsabilité du loup n’est pas exclue. Les indemnisations « loup » couvrent les pertes directes et prennent en charge la valeur de remplacement des animaux. Mais les attaques de loup peuvent provoquer aussi un stress important du troupeau, susceptible de générer des avortements, un arrêt de la lactation, une moins bonne prise de poids des animaux, voire la dispersion du troupeau (risques de dérochement, par exemple). L’indemnisation inclut donc un forfait de compensation des pertes indirectes et la prise en charge des animaux disparus. En 2011, le montant des indemnisations s’est élevé au total à 1 548 052 € au total, dont 495 227 € pour les seules Alpes-Maritimes. Au 31 décembre 2011, ce sont ainsi 4 920 brebis « victimes » (1 415 attaques) qui ont fait l’objet d’indemnisation en France (14 départements concernés), dont 1 398 dans les seules Alpes-Maritimes. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Loups du parc Alpha

    Loups du parc Alpha

    Mercantour, Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes, le 21 juin 2016. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Loups du parc Alpha

    Loups du parc Alpha

    Mercantour, Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes, le 21 juin 2016. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Loups du parc Alpha

    Loups du parc Alpha

    Mercantour, Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes, le 21 juin 2016. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Loups du parc Alpha

    Loups du parc Alpha

    Mercantour, Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes, le 21 juin 2016. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Loups du parc Alpha

    Loups du parc Alpha

    Mercantour, Saint-Martin-Vésubie, Alpes-Maritimes, le 21 juin 2016. https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/

  • Couple de loups

    Couple de loups

    Robert Hainard, gravure sur bois.

  • Couple de loups

    Couple de loups

    Robert Hainard, gravure sur bois.

  • Couple de loups

    Couple de loups

    Robert Hainard, gravure sur bois.

  • Pierre Pfeffer

    Pierre Pfeffer

    Avec Raphaël Peillon. https://www.la-croix.com/Ethique/Environnement/Pierre-Pfeffer-le-defenseur-de-l-elephant-_EP_-2011-09-08-708936 https://youtu.be/e5dnbh8FrBY

  • Jeune loup du Mercantour

    Jeune loup du Mercantour

    Vidéo : © Mathieu Krammer : "Jeune loup en début d'été (28 juin 2018), dont le pelage est en mue." (Mercantour)

  • Loups du Mercantour

    Loups du Mercantour

    Vidéo : © Mathieu Krammer : "Trois loups ensemble, dans la neige épaisse de fin d'hiver (9 mars 2018). On y voit le couple alpha accompagné d'un troisième individu." (Mercantour)

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    Loups du parc Alpha
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