Covid-19 - coronavirus SARS-CoV-2 - stade 3
Maria L., commerçante.
Dimanche 15 mars : 5 423 cas, dont 400 graves ainsi que 127 décès.
Fermeture effective de tous les lieux publics non indispensables à la vie du pays à la suite de l'annonce du Premier ministre faite la veille.
Dès le samedi 14 mars, le maintien du premier tour des élections municipales, le lendemain, enflamme les réseaux sociaux. Les internautes soulignent l'absurdité de maintenir un scrutin en pleine crise sanitaire. Certains assesseurs, beaucoup plus exposés que les électeurs, assurent qu'ils feront défection en signe de protestation. En pleine période de réserve, six présidents de région demandent tour à tour l'annulation du premier tour. C'est Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif corse, qui ouvre le bal vers 20 heures. "Je demande l'annulation du scrutin municipal. Parce qu'il est de mon devoir de protéger les Corses", écrit-il sur Twitter.
Peu avant 21 heures, il est rejoint par la présidente de la région Occitanie. Pour la socialiste Carole Delga, "il est plus sage de reporter les élections municipales". Cinq minutes plus tard, même demande du centriste Hervé Morin. Le président de la région Normandie estime que "ces élections municipales n'ont pas de sens". Renaud Muselier, président LR de la région Paca, leur emboîte le pas. Juste avant les douze coups de minuit, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, pointe elle aussi l'incohérence entre les mesures de confinement annoncées et le maintien des municipales.
Les présidents de région ne sont pas les seuls à monter au créneau lors de cette soirée du 14 mars. Le socialiste Philippe Saurel, maire sortant de Montpellier, le sénateur LR Philippe Dallier ou encore le député "insoumis" Eric Coquerel partagent eux aussi leur opposition à la tenue du scrutin. "Nos mandats valent moins que la santé de nos concitoyens. La position n'est pas tenable", estime pour sa part le maire de Reims, le Républicain Arnaud Robinet, disant attendre "une réponse du gouvernement dans la soirée".
Seize médecins demandent eux aussi l'annulation du scrutin dans une tribune publiée sur Atlantico.fr. "Le maintien des élections est un mauvais signal pour la population par rapport à la sévérité de cette pandémie, seuls les pays ayant pris des mesures importantes de confinement ont limité ce fléau", écrivent-ils.
Peu avant 23 heures, la réponse de l'Elysée tombe. Interrogé par France Télévisions, l'entourage d'Emmanuel Macron assure que "le président a pris sa décision jeudi après avoir consulté l'ensemble des responsables politiques et après avoir entendu les recommandations du comité scientifique". Et le palais présidentiel de poursuivre : "Aujourd'hui, les experts scientifiques ont renouvelé leur avis. Voter est un geste important sinon essentiel au bon fonctionnement de notre démocratie." Fermer le banc. Le premier tour aura bien lieu.
Dimanche 15 mars, à 5h10, trois heures avant l'ouverture des bureaux de vote en métropole, le médecin Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), lance un dernier cri d'alarme contre le maintien du scrutin. "Il faut dès maintenant appliquer le confinement maximum. N'allez pas voter", insiste-t-il.
Sur les réseaux sociaux, les appels de soignants se multiplient. A 7h40, le collectif Inter-Hôpitaux, qui rassemble des personnels hospitaliers pour la "défense de l'hôpital public", demande également aux électeurs de "ne pas voter aujourd'hui", le tout appuyé du hashtag #ResteChezToi. A Ajaccio (Corse-du-Sud), des infirmiers du service de réanimation posent pour une photo, munis de masques chirurgicaux, une affiche entre les mains. "N'allez pas voter", peut-on y lire.
Ces mises en garde n'empêchent pas l'ouverture des bureaux de vote, dès 8 heures. La situation est exceptionnelle : 47,7 millions d'électeurs y sont attendus, tandis que cafés, restaurants et autres lieux publics sont fermés...
Dans la matinée, le gouvernement relaie la bonne parole sur les plateaux télévisés. "Le président de la République et le Premier ministre se sont entourés des avis des experts scientifiques sur la compatibilité entre l'élection (...) et les conditions sanitaires", assure Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, sur franceinfo. Vers 8h30, lui-même affirme qu'il ira voter avec son stylo, en veillant "à ne pas toucher une poignée de porte". "Si ça devait arriver ensuite, j'utiliserai un gel. Je ne serrerai la main à personne, ça va de soi", dit-il.
Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, affiche son calme à l'hôtel de ville du Touquet (Pas-de-Calais). Lui aussi vient avec son propre stylo et se lave les mains ostensiblement au gel hydroalcoolique. Après avoir voté, il réitère devant les caméras la position du gouvernement sur les municipales.
A la fermeture des bureaux de vote, le taux d'abstention atteint 54,5%, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et les chaînes parlementaires. La situation est inédite pour une élection municipale française, et largement causée par l'épidémie de Covid-19. Quelque 39% des non-votants interrogés déclarent qu'elle est la première raison de leur abstention.
(sources : Wikipédia, FranceTvInfo)